poèmes
Ode à cette pièce, que j'aime, et qui m'aime
Je hume ton parfum à plein nez,
Je m'enivre de ton odeur,
Celle de la littérature, du papier,
Celle du Français, du détergeant,
Cette salle que j'aime et qui m'attend,
Son humeur flegmatique,
Ses murs tout de rose parés,
Habillés d'illustres portraits.
De nos chères têtes cette armoire est ornée,
Ainsi que de ceux qui furent et de ceux qui seront,
Des élèves.
Témoin intangible du temps qui file, file,
Et ne nous attend pas.
Rennes
Paysage défilant,
Bocages, forêts, divers champs.
Une journée sur la route.
En route vers la côte ouest
En route vers Rennes, Quimper, Brest.
Bâtis en granit,
Couleur rehaussée,
Pierre rosée,
Par le soleil couchant
Sur les marais salants.
Mes narines palpitent
A cette douceur marine.
Chrysanthèmes en mains,
Sous un pin, je vins
Déposer une florale trinité,
De vifs pompons dorés,
Sous l’œil assoupi
Du bronzé crucifix
Patiné par le vent, l'air salin
Surveillant d'un air divin,
Tel un sentinelle,
La demeure éternelle.
temps
Une étrange douleur étreint mon cœur;
Je vois le temps filer,
Comme une poignée de sable au vent,
Filer et s'envoler comme un brigand.
Il vient à mes pieds,
Mourir comme une vague mer,
Emportant mes souvenirs, ma jeunesse,
Et me décroche un sourire amère.
J'assiste aux bonheurs qui naissent,
Aux choses prêtes à s'éteindre,
Comme une flamme atrophiée,
Noyée dans la cire écoulée
Le long de son cylindre,
Pareille à de luisantes larmes.
Vivre les regrets de celles qui ne sont plus.
C'est un étrange chagrin,
Une tristesse absolue.
Opales
Un violon grince harmonieusement,
Tes doigts froids et secs effleurent le givre,
Un froid qui anesthésie, engourdit.
Tes grands yeux verts,
Sont deux lacs
Dans lesquels se mire un ciel d'hiver,
Et piquent cette toile monochrome
De deux pâles émeraudes.
Ils ne font qu'animer ton visage,
Esquissé avec douceur,
Et Insensible à l'âge.
Destiné à émouvoir,
La peau fine comme l'opale,
Analogue à l'ivoire,
Vie bien plus que cette neige fade,
Ton âme pétille, et envoûte la mienne,
L'entraine dans sa joie, son chant,
Puis la restitue délicatement,
A sa familière grisaille.
J'aime
J'aime l'odeur d'un flacon débouché,
Et l'enivrant parfum de son nuage dissipé.
J'aime l'odeur du rouge à lèvre dévissé,
Et la splendeur de sa couleur acidulée.
J'aime me reposer aux bruits de l'été,
Et m'éveiller à la douceur du soleil;
Flâner sous quelques cerisiers,
Et rêver sous une fleuraison vermeille.
J'aime le chuchotement de ta voix,
Ton regard plein de tendresse,
Ta touchante sensibilité envers moi,
Et les traits de ton visage, tout en délicatesse.